80 000 détenus en 2017, contre 63 800 en juin 2008 et 49 300 en juin 2001,
c'est le pronostic fait en 2007 par l'administration pénitentiaire pour cerner
les enjeux d'une réforme qu'elle voyait se rapprocher. 80 000 détenus en 2017,
c'est-à-dire une surpopulation maintenue, une promiscuité permanente dans
les maisons d'arrêt, des peines qui s'allongent, une violence qui s'accroît, le
nombre de personnes souffrant de troubles psychiatriques qui augmente, des
conditions de travail qui se dégradent pour le personnel pénitentiaire, un
investissement financier concentré sur la construction de prisons nouvelles.
Et pourtant, nous dit-on, la prison se réforme, la prison va garantir les droits
des personnes qu'elle enferme, la prison va préparer la réinsertion. Quel sens
peuvent avoir ces affirmations ? Ce livre tente de répondre à cette question. Il
démonte ainsi l'imposture d'un discours gouvernemental qui prétend concilier
l'inconciliable : la protection de la dignité en détention et l'inflation sécuritaire
des politiques pénale et pénitentiaire ; la mise en place de regards extérieurs
sur la prison et le maintien du pouvoir discrétionnaire de l'administration
pénitentiaire ; la reconnaissance des droits fondamentaux des personnes
détenues et la multiplication des régimes de détention distincts. En un mot, le
discours de la réforme pénitentiaire et la dérive des prisons.