Au fil du temps l'enseignement s'est enraciné dans une prison
qui n'est sans doute plus l'institution totale décrite par Erving
Goffman.
Dans ce contexte peu propice à l'éducation et qui n'est d'ailleurs
ni pensé ni conçu à cet effet, les enseignants exercent leurs missions
en s'appuyant sur une autonomie plurielle et relative. Ces conditions
d'exercice, ancrées dans un espace partenarial incontournable,
témoignent d'une spécificité pénitentiaire en matière d'enseignement
et contribuent à l'émergence de l'idée paradoxale de liberté
pédagogique dans un univers clos. En effet, non-maîtrise du temps,
flux permanent d'entrants et de sortants, instabilité et hétérogénéité
de groupes de formation, situations d'urgence et d'incertitude sont
autant de traits qui caractérisent l'enseignement en prison. Dès
lors, pourquoi ne pas envisager celui-ci, d'une part, comme un défi
pédagogique singulier et permanent et, d'autre part, comme un
possible laboratoire d'analyse pour la pédagogie ?
Cet ouvrage, inscrit dans un champ multi-référentiel (historique,
ethnographique, sociologique, pédagogique), s'adresse à tous ceux
que l'enseignement et la prison intéressent : enseignants, formateurs
pour adultes, travailleurs sociaux, chercheurs, éducateurs spécialisés,
étudiants, acteurs pénitentiaires, responsables politiques. Aux uns et
aux autres, il propose des pistes de réflexion susceptibles d'enrichir
leurs connaissances et leur compréhension de cette question et peut-être
de nourrir leurs pratiques.