«Savez-vous pourquoi je suis incarcéré ?»
«Non, mais rien ne me presse de le savoir.»
«J'ai tué ma femme.»
Décidément...
«Vous ne savez pas comment ?»
«Non, ça peut attendre.»
«Si, si, je vais vous le dire...»
Et Maurice (prénom modifié) nous le dira plus loin.
Bien que rare, voilà une entrée en matière des plus
directes au cours de laquelle on ne fait pas dans les ronds
de jambe ! Même quand le plus grand hôtel de France
affiche complet, les tenanciers se mettent en quatre pour
accueillir leurs clients à bras aussi raccourcis que fermés.
Visiteur des prisons durant vingt ans, Henri Gaumé
nous invite, sans voyeurisme ni complaisance, sur fond
d'humour parfois caustique, à pénétrer dans le choeur
du sanctuaire, au milieu du quartier de détention, où il
a toujours officié. Témoin privilégié, la visite à laquelle
il vous convie fera de temps à autre une incursion chez
les représentants de la force publique, garants de l'ordre
nécessaire à toute vie en société. Elle fera aussi quelques
irruptions dans les prétoires (correctionnelle et cour
d'assises), grands témoins de perles et boutades entendues,
authentifiées et ramassées à la pelle. Ces mêmes prétoires
parfois pourfendeurs de petites gens sans grande défense
et pourvoyeurs exclusifs du monde carcéral. Une exclusivité
jamais prise en défaut !
S'il dénonce une société parfois en perte de repères, où
la prévention fait figure de parent pauvre, l'auteur prend
soin de débusquer des pistes, frappées du simple bon
sens. Car il en existe. Encore faut-il que tous, élus comme
électeurs, se persuadent que nul n'est à l'abri de l'hôtel
carcéral.